60 ANS DE DIACONAT PERMANENT, QUELQUES TÉMOIGNAGES (Suite)
« Thierry, que signifie pour toi « être diacre en milieu professionnel ? » »
Je pense que l’on est chrétien avant d’être diacre et malgré l’ordination, son attitude, sa façon d’être est plus liée à sa foi.
Je ne pense pas avoir changé, professionnellement depuis l’ordination. En fait, je continue à être, autant que possible, en accord avec ma foi, même au bureau.
Ce qui a changé, par contre, c’est le regard des autres. Les collègues connaissent, pour la plupart, mon implication et ma position dans l’Église. Ce changement se traduit de différentes manières. Autour de la machine à café, par exemple. La religion revient de temps à autre dans la conversation, sous forme de blagues. Ce n’est jamais méchamment, et je ne m’en offusque pas. Au contraire, cela permet, parfois, de passer quelques messages avec le sourire…
Et puis, de temps à autre, les collègues n’hésitent pas à me rappeler que je suis diacre, lorsque je perds patience ou que les discussions s’enflamment… Mais toujours avec le sourire !
Naturellement, je suis aussi parfois interpellé sur les positions de l’Église sur certains sujets de société, ou lors des différents scandales qui l’ont secouée depuis quelques années. Ce n’est pas toujours simple de trouver les mots.
Mais, et je crois que c’est le plus important, le fait que les collègues soient au courant leur permet aussi de venir discuter, de manière généralement discrète, de sujets divers. Cela va de celui qui vient raconter ce que son enfant a vécu au caté, à ceux qui ont besoin de parler après la perte d’un proche ou d’un collègue. Parfois, ce sont des questions sur des cérémonies, des rites ou des textes entendus.
Dernièrement, un soir, alors qu’il n’y avait plus personne au bureau, un collègue est venu me voir pour discuter d’une parole de saint Paul entendue lors d’un mariage : « Femmes, soyez soumises à vos maris. » (Eph 5, 22) Cela avait choqué son épouse et il avait besoin d’en parler.
En fait, je pense qu’être diacre, dans le milieu professionnel, c’est être là, à l’écoute. En fait, l’ordination est avant tout un signe qui rend visible cette disponibilité.
Thierry ROZÉ, diacre permanent – Mortagne-sur-Sèvre
« Héloïse, en tant qu’épouse de Thierry qui est diacre permanent, est-ce que le diaconat de Thierry a changé quelque chose en toi ? »
Se donner du temps pour accepter
Suite à l’appel inattendu adressé à Thierry, j’ai tout d’abord eu beaucoup de doutes, d’hésitations et le « oui » de l’ordination m’a demandé tout un cheminement. Pour moi, l’appel au diaconat a d’abord été source de questionnements : pourquoi lui ? Qu’est-ce que cela allait engendrer comme impact sur notre vie de famille ?, notre couple ?…
Ce sont les années de discernement et les trois années de formation qui m’ont permis d’accepter que le diaconat vienne enrichir notre sacrement de mariage.
Le sentiment de cheminer dans ma foi et de la nourrir
Le jour de l’ordination, l’évêque demande à l’épouse : « Acceptez-vous tout ce que le diaconat qu’il va recevoir apportera de nouveauté dans votre couple et votre vie de famille ? » J’ai alors pu répondre un Oui confiant.
Après dix ans d’ordination, je peux dire que les fruits de l’ordination rejaillissent sur notre vie de couple, sur mes relations avec les autres en général et sur le regard que je peux porter sur nos proches. Ce cheminement m’a fait évoluer dans ma foi : je suis plus sensible à la lecture de la Parole de Dieu et aime m’en laisser habiter. J’ai aussi découvert la prière quotidienne et le soutien spirituel que peut m’apporter la prière ou ce que ma prière peut apporter aux autres.
Du fait de la mission de Thierry, je reconnais être régulièrement interpellée sur des sujets d’Église par des collègues ou des connaissances qui en sont loin : ces échanges sont toujours très riches et m‘aident à grandir et à poursuivre mon chemin de foi. J’aime à penser que je suis restée moi-même mais que le diaconat me procure une intimité particulière avec Dieu.
Héloïse ROZÉ – Mortagne-sur-Sèvre