Tous « Ressuscités avec le Christ »
J’ai toujours été marqué par ce qu’écrit l’apôtre Paul aux chrétiens de Colosses : « Vous êtes ressuscités avec le Christ » comme si notre entrée dans la vie éternelle était en cours. Ce que je crois profondément. Elle n’est donc pas à reporter uniquement à l’échéance finale de notre vie. Elle est déjà en partie réalisée dans la communion vitale au Christ par la foi et l’amour qui agit en nous. Je me sens bien petit pour en rendre compte, ET POURTANT, je crois profondément que sa vie de Ressuscité coule en nous.
Alors moi-même qui viens de passer le cap des 85 ans, comment je vis ce temps nouveau ?
En fait c’est le temps de la « déprise » que j’apprends à considérer comme un temps favorable pour vivre la grâce de l’âge qui avance, avec heureusement, moins de responsabilités. Je sens bien que l’heure du « passage » approche sans savoir quand il sera exactement. Cette heure à venir, je la sais importante. Elle se rend présente sans cesse à ma vie intérieure. En fait cela me plaît, car pour moi la rencontre avec le Christ est une attente essentielle, exigeante en vérité : une attente habitée par la résurrection du Christ déjà à l’œuvre en moi. J’aime écouter sa présence en moi au jour le jour en fidélité à mon baptême. Cela suppose un véritable consentement à cet abandon avec au fond de moi le même désir que celui du Christ qui arrive à dire, non sans peine, non sans lutte intérieure « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne » (Jn 10,18). Ce qui veut dire encore pour moi, faire l’apprentissage d’une nouvelle qualité d’être, une plus grande capacité à aimer en vérité, à me laisser aimer tel que je suis, sans artifice, en toute humilité…en faisant l’expérience d’une certaine dépossession de moi-même, de mes forces physiques, de ma vitalité. Oui c’est bien le temps de la « déprise » en vérité pour la croissance de mon être profond, grâce à mon « être avec le Christ ».
Aider chacun(e), avec le Christ, à sortir de son tombeau
Ce qui me préoccupe le plus, avec mon âge, c’est de faire découvrir Jésus-Christ par ma présence à celui ou à celle qui attend d’être rejoint et les regarder comme une personne, en particulier les malades, les personnes souffrantes, les personnes qui « n’ont personne» ou si peu avec la sensation d’être enfermées dans leur tombeau, dans leur désespérance. Par mon ministère pastoral de « service », c’est aussi le soutien de ceux et celles qui ont une responsabilité plus lourde à porter, qu’ils soient prêtres, diacres ou laïcs. A cela je peux consacrer du temps, moins talonné, mais tellement heureux d’être en service pour les uns et les autres et de partager mon espérance.
Avec Jésus-Christ faire réussir et fleurir la Fraternité universelle
Ce qui me tient le plus à cœur pour l’humanité tout entière et pour notre monde d’aujourd’hui bien perturbé, c’est de nous rappeler le beau projet que Jésus-Christ a rendu possible par le don de sa vie ! Nous le savons bien sûr, mais peut-être pas assez : faire réussir, fleurir la fraternité universelle tellement malmenée et qui ne demande qu’à grandir. Avant de mourir et de ressusciter il a donné deux signes et le chemin pour le vivre et faire de nous des artisans de « CETTE FRATERNITE UNIVERSELLE ». Avant de se mettre à table pour son dernier repas avec la petite équipe qu’il avait formée, il s’est mis à genou pour laver les pieds de ses disciples en leur disant : « ce que je viens de faire pour vous, faites-le les uns pour les autres » Et deuxième signe c’est le don de son corps et de son sang, comme signe du partage et de sa présence, comme signe de son alliance nouvelle et éternelle avec ces mots : « Vous ferez cela en mémoire de moi ». Le chemin est désormais ouvert comme nous dit Pierre, dans la première lettre (1P2) : « Il nous a marqué le chemin pour que nous allions sur ses traces ».
Bon Chemin vers Pâques avec la joie de l’espérance qui ne déçoit pas ! J’invite, chacun de nous à nous demander, membres de cette paroisse toute jeune : « Dans ma vie, quel est le tombeau d’où le Christ m’appelle à émerger pour une vie nouvelle ? ».
Gérard BATY